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L’intrapreneuriat : un moyen d’attraction, de développement et de rétention des talents

Par SPINE Sommet de l'intrapreneuriat 2019


Selon l’Indice entrepreneurial québécois 2018, 40 % des jeunes de 18 à 35 ans ont l’intention de démarrer leur entreprise ou d’acheter une entreprise existante. Faisant déjà face à des problèmes d’attraction et de rétention de personnel, les entreprises existantes devront composer avec cet enjeu supplémentaire. Est-ce que cette problématique est une réelle menace, ou est-ce qu’elle constitue une opportunité pour les entreprises ? Comment répondre à ce problème ? Par l’intrapreneuriat.

Valérie Gendreau, CRHA et Nathaly Riverin, article paru sur le blogue de l’ordre des CRHA

Intrapreneuriat : qu’est-ce que c’est ?

L’intrapreneuriat est un choix stratégique qui s’opère en haut lieu. Il s’agit d’opérer la croissance d’une organisation par le développement de projets internes et d’une culture entrepreneuriale, ou encore par la croissance d’un groupe d’organisations par essaimage.

À mi-chemin entre ces deux options, il existe mille et une nuances, notamment le mode à deux vitesses où se côtoient des initiatives intrapreneuriales dans un contexte plus corporatif. Il ne tient qu’aux organisations de définir leur propre modèle organisationnel d’intrapreneuriat. Toutefois, l’objectif initial demeure le même : recruter ou faire émerger les intrapreneurs et rehausser leur niveau d’engagement et de rétention en les mobilisant par le biais de leurs aspirations entrepreneuriales.

Intrapreneuriat : quels avantages ?

Du côté des employés, susciter et faire vivre l’esprit d’initiative dans les équipes ouvrent plusieurs perspectives de carrière pour les personnes qui savent « intraprendre ». Cela devient un puissant levier d’engagement et de créativité organisationnels.

Au-delà de l’attraction et de la rétention des employés, les avantages de l’intrapreneuriat sont nombreux pour les entreprises. C’est assurément un vecteur d’innovation continue ; l’intra- preneur devient un agent du changement. Quel outil performant pour former la relève en di- rection ! Il n’y a rien de mieux que l’action pour facilement identifier les leaders et leur capacité d’initiative.

Concrètement, par où commencer ?

Comme il existe de nombreuses possibilités, la place que prendra l’intrapreneuriat dans l’entreprise sera, d’une part dictée par les objectifs de la haute direction et d’autre part, par le potentiel intrapreneurial de l’organisation. Qu’il s’agisse de mettre en place une structure interne d’innovation au service du développement durable de l’entreprise, ou encore de soutenir une initiative mise de l’avant par un groupe d’employés, les possibilités sont infinies.

Faire vivre la culture intrapreneuriale, un défi de tous les instants !

Une fois les intentions de la haute direction énoncées, il convient de mettre en place une structure en soutien à l’intégration de cette culture intrapreneuriale. Les comportements à privilégier doivent être véhiculés et encouragés par la direction, et les balises doivent être clairement définies afin d’éliminer les freins potentiels à l’avancement de la démarche. Est-ce qu’une cellule intrapreneuriale doit voir le jour pour accompagner les différents acteurs concernés par les projets qui vont découler de cette nouvelle initiative ? Certes, les intrapreneurs devront pouvoir bénéficier d’un accompagnement adapté à leurs besoins. De nouvelles stratégies devront également voir le jour afin d’alimenter cette vision et lui permettre de traverser le temps avec succès. L’agilité, le courage et l’innovation devront dorénavant faire partie des compétences à développer chez les intrapreneurs et leurs équipes.

Quel est le rôle du service des ressources humaines ?

Il va sans dire que l’apport du service des ressources humaines sera considérable dans la valorisation et l’intégration de deux cultures qui, malgré leurs différences, devront apprendre à cohabiter. L’aménagement de parcours professionnels adaptés à cette nouvelle réalité, autant pour le personnel que pour les gestionnaires, sera un élément clé du succès de cette démarche ambitieuse. L’approche du gestionnaire prendra tout son sens dans l’accompagnement et le développement des compétences de ceux qui seront les porte-étendards des projets.

Quelques entreprises pratiquant l’intrapreneuriat :

  • Desjardins
  • Dreamworks
  • eBay
  • Google
  • Intel
  • Lockheed Martin
  • Twitter
  • 3M

Les leviers de l’intrapreneuriat

À la recherche d’ancrage pour semer une culture intrapreneuriale dans votre organisation ? Voici quelques leviers qui pourraient vous inspirer.

  1. Choisir l’intrapreneuriat comme une valeur d’entreprise. Les valeurs, il faut les expliquer et les répéter ! Donnez l’exemple des comportements intrapreneuriaux qui seront valorisés dans l’entreprise, et leur contraire.
  2. Former d’abord la direction, puis le personnel, à la pensée intrapreneuriale. Par exemple : j’ai cette contrainte devant moi et j’évite de dire que je n’y arriverai pas ou que cela ne fait pas partie de mes tâches afin de me mettre en mode solution. On me donne également le droit d’agir.
  3. Reconnaître les employés à haut potentiel créatif et intrapreneurial et les responsabiliser. Où sont-ils ? Ce sont les plus rebelles… Cela exige conséquemment d’accepter qu’ils ne fassent pas les choses exactement comme vous les feriez. Mais elles seront faites.
  4. Recruter du personnel au profil intrapreneurial, comme d’anciens entrepreneurs, afin de dynamiser certains services. Tel que mentionné plus haut, l’intrapreneur, agent du changement, sera davantage motivé par l’atteinte des résultats que par la conformité.
  5. Migrer vers une culture plus axée sur les résultats et moins sur les procédures et les processus. Cette migration va permettre aux gens d’exercer leur jugement et leur sens de l’initiative pour régler des situations eux-mêmes.
  6. Envisager l’intrapreneuriat comme un état d’esprit et non comme une fin en soi. Le management des idées peut être à l’origine de nouveaux produits et services, mais il peut également engendrer d’importantes économies et assurer l’optimisation continue des processus existants.

Tout n’est pas si simple… Il faut être conscient des points de vigilance. Il faut résister à la tentation de contrôler les extrants à court terme…

Faites confiance aux gens et acceptez de lâcher prise sur le résultat. Un processus créatif ne peut pas être abordé de la même manière qu’un processus opérationnel standard. Les plus grandes inventions sont nées d’un processus pouvant sembler chaotique. Les intrapreneurs sont des « perturbateurs », des fabricants d’idées nouvelles. L’idée première n’est pas d’améliorer ce que l’on fait de mieux, mais de faire les choses différemment. Le processus de création se doit donc d’être différent.

Accepter une certaine forme de chaos !

La cohabitation entre ceux qui génèrent de nouvelles idées et ceux qui les opérationnalisent sera probablement houleuse et difficile par moments. Tant et aussi longtemps que l’intention principale reste la même (faire grandir votre entreprise), vous êtes sur la bonne voie ! Un changement de cette envergure dans les façons de penser ne peut que provoquer de nouvelles réflexions et voir naître certains paradoxes jusque-là inexistants. La solution ne peut pas être traitée de la même façon que le problème lui-même.

Spine