Québec, le jeudi 8 février 2024 – Lors de son dévoilement en janvier 2023, le programme d’aide aux entrepreneurs en difficulté Persévérance Entrepreneuriale, création du Think Tank en entrepreneuriat, un OBNL fondé par la femme d’affaires Nathaly Riverin, prévoyait épauler une quarantaine de personnes pour sa première année. Moins de 8 mois après son lancement, 80 entrepreneurs avaient déjà été accueillis par le programme. En tout, en 2023, ce sont plus de 500 personnes en affaires qui ont utilisé la ligne téléphonique d’aide du programme pour solliciter conseils et appui. Les chiffres ne mentent pas : les besoins sont plus criants que jamais. C’est donc avec beaucoup d’humilité et une plus grande cohorte de professionnels et spécialistes prêts à aider que le programme confirme du financement supplémentaire, qui permettra de doubler la capacité du programme pour 2024.

« J’aimerais que le programme n’ait plus de raison d’être. Malheureusement, la réalité, c’est que les besoins sont tellement grands que Persévérance Entrepreneuriale ne suffit pas à la demande ». C’est en ces mots que s’exprime aujourd’hui Nathaly Riverin, fondatrice de Persévérance Entrepreneuriale, PDG de Rouge Canari et du Think Tank en entrepreneuriat, également reconnue comme l’une des fondatrices de l’École d’Entrepreneurship de Beauce.

« Notre mission première c’est de parler aux personnes en détresse qui nous appellent. De l’écoute, des références, des outils, nous les aidons du mieux que nous pouvons mais notre intention c’est de les accompagner sur une année avec le programme Persévérance », ajoute Nathaly Riverin. La bonne nouvelle, c’est que grâce à cette nouvelle aide financière, Nathaly et son équipe pourront accueillir 100 personnes de plus au cours des prochains mois!

« La réussite et la reconnaissance de nos gens d’affaires font partie des priorités du Plan québécois en entrepreneuriat. Avec des initiatives comme le programme Persévérance Entrepreneuriale, on donne les moyens aux entrepreneurs d’affronter les défis et d’innover dans leur domaine », affirme Christopher Skeete, ministre délégué à l’Économie, ministre responsable de la Lutte contre le racisme et ministre responsable de la région de Laval.

L’importance du programme persévérance

Pour une persévérante qui souhaite garder l’anonymat, l’impact du programme est clair : « Persévérance Entrepreneuriale m’a sauvé la vie. Si Nathaly et son équipe n’avaient pas été là pour moi, je ne serais plus là aujourd’hui ». Le programme est important à ce point. Le dernier rapport statistique mensuel du Bureau du surintendant des faillites (BSF), qui date d’octobre 2023, démontre que 2629 entreprises québécoises ont déclaré faillite ou ont présenté une proposition aux créanciers en 2023. Le Québec est loin devant sa plus proche rivale (l’Ontario) en comptant 1169. C’est près de 60% des faillites du pays, alors que la population du Québec en représente 22%. Sans surprise, ce sont les industries de la restauration et de la construction qui sont les plus touchées. « Il y a des solutions sous différents angles, mais les entrepreneurs tardent à ouvrir leurs livres et demander de l’aide », affirme Nathaly Riverin. « L’entrepreneuriat québécois est en déclin. Il faut soutenir ou recycler nos entrepreneurs d’expérience » complète-t-elle.

LA MALHEUREUSE CONJECTURE PARFAITE

L’augmentation des taux d’intérêt, au cours des derniers mois, a également empiré la situation. Les entrepreneurs, n’arrivant plus à rembourser les prêts qu’ils ont contractés afin de réinvestir après la pandémie, souhaitent se relever. « Tous ces facteurs réunis mènent à la conjoncture parfaite pour la chute de nombreuses entreprises. Les gens qui nous appellent sont anxieux et épuisés », ajoute Nathaly Riverin. Il est évident aujourd’hui qu’un programme tel que Persévérance Entrepreneuriale est essentiel. Aucun programme de ce type n’existait, il y a un an. La popularité de Persévérance démontre hors de tout doute que les besoins sont grands et que si le Québec veut demeurer dans la course, il doit aider ses entrepreneurs. « On ne fait pas que sauver des entreprises d’une fermeture. On aide des personnes qui vivent souvent les moments les plus difficiles de leur vie. Ils vivent de la solitude, de la honte, de l’anxiété et une fatigue extrême. Nous les conseillons, les outillons avec des formations pratiques, les aidons à retrouver leur motivation et identifions des actions concrètes à mettre de l’avant. On ne fait pas que des plans, on est en mode action », complète Nathaly.

ACCOMPAGNEMENT CLÉS EN MAIN

S’adressant aux entrepreneurs de partout au Québec, Persévérance Entrepreneuriale est ouvert aux entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activités, qui traversent des difficultés financières ou dont la santé physique et mentale des personnes est affectée. À travers le programme, les entrepreneurs bénéficient d’une panoplie de services, dont 10 sessions de coaching pour une écoute sans jugement et une personnalisation du programme, 50 heures de formation pour être mieux outillés et trouver les solutions applicables rapidement aux enjeux que connaît l’entreprise, l’accès privilégié à l’expertise d’un entrepreneur chevronné parmi nos dix grands persévérants dont Martin Cousineau (Lobe), Jean Laflamme (South Shore), Nadia Bourgeois (ORÄ Partenaires), Evan Price (Auberge Saint-Antoine), André Morneau (Groupe Morneau), ou Dominic Gagnon (Connect and Go), à une cohorte d’entrepreneurs qui vivent les mêmes défis, avec qui partager et à une équipe composée de gens d’une expérience remarquable, généreux et ayant un désir commun d’aider. Des services professionnels spécialisés sont également offerts pour aider à traverser la tempête.

À PROPOS DE PERSÉVÉRANCE ENTREPRENEURIALE

Persévérance Entrepreneuriale est une initiative qui vise à créer davantage d’entreprises dans la province. Cette mesure découle du PQE et plus précisément de la mesure 4 de ce plan, qui est de « bonifier l’offre de formations adaptées en fonction des besoins des entrepreneurs ». Plusieurs partenaires sont associés au programme en plus du ministère de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie, dont le MNP, la Fondation Famille Lemaire, l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB) et Rouge Canari

La contribution des gouvernements au dynamisme en entrepreneuriat est significative telle que mentionnée dans l’article associé. Les engagements qui touchent la culture entrepreneuriale exigent de la patience et du temps avant d’en récolter les fruits. En 2004, le vent a tourné pour l’entrepreneuriat avec la stratégie jeunesse. Depuis, cet enjeu crucial pour notre croissance n’a fait que progresser sur tous les fronts. 15 ans c’est encore très peu pour changer une culture.  

Or les gouvernements changent, les leaders changent et les acteurs locaux aussi changent. Il importe donc d’actualiser constamment le discours pour que tous les acteurs s’alignent autour du développement d’une culture entrepreneuriale forte.

Il faut maintenir la cohérence stratégique amorcée et se mettre en mode « performance ».

Miser sur les activités en amont

Le travail important doit se maintenir en amont. Notre système scolaire, du primaire à l’université, doit avoir les moyens de maintenir les efforts initiés pour former les jeunes à la culture entrepreneuriale et au monde des affaires. Nul besoin de multiplier les structures et de créer des écoles partout, mais bien de miser sur des écoles et des universités existantes et surtout de les outiller pour qu’elles soient performantes en entrepreneuriat et bien connectées sur les secteurs de pointe. Il importe de faire circuler la connaissance pour que tout l’écosystème progresse.

Travailler sur les disparités régionales et éviter les approches mur à mur

Il faut aussi s’assurer d’une industrie vibrante avec de nouveaux élus et des gens d’affaires mobilisés dans toutes les régions du Québec. Encore aujourd’hui, certains sont moins disposés à supporter l’entrepreneuriat.   

La question de la rareté de la main-d’oeuvre n’est pas un prétexte pour cesser d’entretenir la culture et le soutien aux activités nouvelles. À ce compte, la Beauce aurait cessé d’être entrepreneuriale il y a de cela très longtemps, car le plein emploi touche cette région depuis de très nombreuses années. Chaque étape de progression fait émerger de nouveaux enjeux économiques.

Cela dit, les approches régionales « murs à murs » ne semblent plus adéquates, et le territoire d’appartenance des gens est plus souvent attaché à une ville. Le lancement spontané des DIGIHUB fut une grande surprise pour bien des acteurs locaux. De mon point de vue, il me semble que cela est venu brouiller l’organisation naturelle voir l’équilibre du leadership dans plusieurs régions. À repenser!

Place à la performance entrepreneuriale

Mesurer l’entrepreneuriat par territoire

Notre écosystème a beaucoup progressé. Il est mûr pour se mesurer. L’indice entrepreneurial québécois est encore sous-utilisé et il est grand temps que nos institutions se l’approprient nationalement pour raffiner leurs stratégiques. Et pourquoi ne pas créer (enfin!!) l’information de façon plus décentralisée, par MRC par exemple. C’est plus spontanément un territoire d’appartenance.

Développer l’approche satisfaction client garantie

Plus encore, mon passage chez Femmessor m’a clairement signifié que les choix effectués servent souvent l’institution et ses partenaires plus que le client, l’entrepreneure dans ce cas. Les politiques répondent aux exigences des institutions pour minimiser les risques et pour formaliser les approches; le client a très souvent du mal à s’y retrouver. Pourtant, faire vivre les structures d’accompagnement en mettant le client au coeur des stratégies, c’est assurément ce qui fera progresser tout l’écosystème entrepreneurial.  

Dans le même ordre d’idées, il serait intéressant d’importer des outils de satisfaction client du secteur privé. Par exemple, le Net promoter score est un instrument intéressant pour favoriser l’amélioration continue des services que l’on offre aux clients. Pourquoi ne pas intégrer une approche satisfaction client dans tous les points de services publics qui desservent les entrepreneurs ? Notre écosystème est suffisamment performant pour faire le prochain pas vers une culture de performance.

Jouer le rôle d’éclaireur des enjeux qui les affectent

Nos entrepreneurs, ces visionnaires, ont constamment besoin d’oxygène pour s’inspirer et voir plus grand. Or nous baignons dans une mer d’informations et, nécessairement, il y a la bonne et la moins bonne information. En matière de tendances d’affaires et d’analyse économique, le gouvernement doit mettre la bonne information de l’avant. C’est crucial de pouvoir alimenter les entrepreneurs sur les enjeux qui les affectent.

Faire circuler les bonnes pratiques en entrepreneuriat et susciter des effets d’apprentissage entre les acteurs de l’entrepreneuriat

Enfin, qui de mieux placés que l’État pour identifier les bonnes pratiques initiées aux quatre coins du Québec et de les diffuser! Tout comme nos entrepreneurs, notre écosystème et tous les acteurs ont aussi besoin de se développer et d’apprendre. Je crois que le gouvernement peut jouer un rôle majeur sur ce plan.

Et vous ? Quelles sont vos idées pour améliorer notre industrie ?

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